Horaires d'ouverture de l'église au public : de 9h à 18h
et l'été jusqu'à 19h.
1781 : Le Chapitre de Sallanches, ne percevant plus de revenus de Cordon, par suite de rachat de « dîmes » et de mésentente entre les deux communautés, prend la décision (23 janvier) de transférer la chapelle de Notre Dame du Château au chef-lieu actuel de Cordon, au lieu-dit « le Vuaz ».
Sans tarder, les habitants de Cordon choisissent le style et les dimensions de leur nouvelle église. Le « Prix fait » (marché) est conclu avec Jean-Pierre Mathole, de Conflans, près d’Albertville, pour la somme de 4 800 livres. Il comprend la construction de l’église, de la sacristie, du clocher et du presbytère.
Histoire
Dès 1100, la chapelle du château de Pierre de Savoie, Sire de Faucigny, située sur la route de Cordon, à 1 km de Sallanches, sert d’église paroissiale à la communauté de Cordon.
1171 : Sallanches, avec le Château de Cordon, est déjà un lieu important de passage ; ses députés siègent aux Etats Généraux de Savoie.
1303 : Le château et sa chapelle appartiennent à la famille de Menthon.
1389 : Le Pape Clément VII érige l’église de Sallanches en collégiale et lui accorde certaines franchises (9 juillet). Le curé de Sallanches dessert en même temps la chapelle du Château.
1405 : Jeannette de Chissé, fille de François de Menthon, seigneur de Beaumont, distribue des aumônes aux confréries du Château.
1415 : Son père, François de Menthon, demande par testament à être enterré dans la chapelle du Château. Son fils, Pierre (1441), renouvelle pour lui-même la même demande, ainsi que Nicoud, seigneur de Montrotier en 1471.
1606 : François de Sales, en visite pastorale dans cette chapelle Notre Dame du Château, le 26 juillet, y donne la tonsure à 20 jeunes de Sallanches, de Cordon et des environs.
Les archives de Cordon conservent trois documents religieux relatifs à cette paroisse :
Les statuts de la confrérie Notre Dame du Château (9 mars 1578)
Les statuts de la confrérie du Saint Nom de Jésus (mars 1676)
Une bulle du Pape Clément X accordant des indulgences aux membres de cette confrérie (juin 1676)
1781 : Le Chapitre de Sallanches, ne percevant plus de revenus de Cordon, par suite de rachat de « dîmes » et de mésentente entre les deux communautés, prend la décision (23 janvier) de transférer la chapelle de Notre Dame du Château au chef-lieu actuel de Cordon, au lieu-dit « le Vuaz ».
Les Cordonnants arguèrent que la chapelle du château était située à l’extrémité du village, sans avoir aucune maison autour ni paroissien, qu’elle était confinée entre deux torrents, que plus des ¾ des maisons étaient éloignées de plus d’une heure et demie de marche, que le chemin est « montueux » et rapide, toujours rempli de glace en « hyver », bordé d’un précipice dangereux où des femmes ont déjà perdu la vie, si bien que les vieillards, les enfants et les femmes enceintes ne pouvaient plus venir à la messe en « hyver » !
Huit jours plus tard, une autorisation épiscopale ratifie cette décision et le 17 août de la même année, le sénat entérine le changement.
La cure de Cordon est dotée de revenus qui lui permettent de vivre.
Sans tarder, les habitants de Cordon choisissent le style et les dimensions de leur nouvelle église. Le « Prix fait » (marché) est conclu avec Jean-Pierre Mathole, de Conflans, près d’Albertville, pour la somme de 4 800 livres. Il comprend la construction de l’église, de la sacristie, du clocher et du presbytère.
Le plan de l’église prévoit un édifice « cruciforme » avec au centre de la voûte une coupole sur le modèle même de l’église de St Nicolas la Chapelle qui vient d’être terminée : exemple assez rare en Faucigny avant 1800 mais qui connaîtra la gloire durant tout l’âge d’or du néo-classicisme sarde. Les proportions et les dimensions en seront les mêmes - à une différence près toutefois – à savoir que la voûte de la coupole sera surélevée de dix pieds (environ 3.50 m) par rapport à celles de la nef et du chœur (d’après le tabellion de Sallanches du 10 avril 1781).
« Le transept sera carré et non pas arrondi à ses extrêmes ; le clocher sera plus haut de cinq pieds et le chœur profond de deux travées à chevet droit ».
Les matériaux de la chapelle Notre Dame du Château seront utilisés pour la construction de la nouvelle église dédiée à Notre Dame de L’Assomption. En outre, celle-ci abrite encore aujourd’hui le retable du transept gauche, le Christ de la voûte, le bénitier et un linteau de porte extérieur (nord) portant tous deux la date de 1671, etc.
Architecture
La silhouette extérieure est équilibrée et vigoureuse ; une flèche avec un bulbe à lanternon couvre le clocher latéral, qu’ajourent au beffroi des baies jumelles sur des colonnettes médianes. Avec les formes bulbeuses de sa flèche, le clocher de Cordon appartient à la grande chaîne des clochers à bulbes de Savoie et de tout l’arc alpin qui font l’admiration des visiteurs.
La façade principale abrite un curieux portail et des statues en trompe-l’œil dans des niches. Au sud, le cadran solaire indiquait à tous le temps qui passe.
L’église de Cordon exprime parfaitement l’architecture de transition entre l’esprit baroque qui a déjà beaucoup évolué et le style académique du néo-classique qui débute.
Le plan est centré, en forme de croix. Puis la croix du plan s’allonge suivant l’axe « entrée-chœur », donnant un effet de nef à l’ensemble qui minimise le centrement. Cependant 4 pans de murs obliques relient et recentrent les espaces « nef » et « transept », formant le soubassement des pendentifs.
Le voûtement des bras du « transept » est en berceau avec de grandes pénétrations à décor figuratif ; celui des bras de la « nef » offre un système intermédiaire entre voûtes d’arêtes et voûtes en berceau avec grandes pénétrations, système issu du caractère oblong du plan des voûtes.
Les pendentifs, au décor des quatre évangélistes en médaillon, transforment le plan octogonal des murs en plan circulaire à la hauteur de la coupole.
La coupole centrale sur pendentifs est surbaissée mais le trompe-l’œil en perspective ascendante des peintures de Léonard Isler fait croire à une coupole hémicycle.
Les deux murs obliques de part et d’autre du chœur accueillent deux retables latéraux, l’un dédié à la Vierge Marie et l’autre à St Michel.
Le chœur carré à chevet plat, dans l’esprit de la tradition baroque, permet de valoriser ce haut relief de bois doré et peint « toute largeur et toute hauteur ».
A Cordon, l’autel privilégié, structuré par des colonnes torses et par un ensemble de corniches fortement moulurées, propose une pédagogie imagée autour de l’Assomption de la Vierge Marie. L’étage principal du retable correspond à la hauteur des murs de l’église tandis que l’attique au-dessus de la large corniche s’adapte en demi-cercle à la voûte du chœur. Le décor de draperie en trompe-l’œil entre voûte et mur renforce l’aspect théâtral de l’ensemble de la composition. A hauteur d’homme, le tabernacle doré comme une pièce d’orfèvrerie reprend en miniature une composition similaire.
De part et d’autre du chœur sont disposés la sacristie et le clocher, place habituelle de ces deux espaces.
Joseph Léonard Isler est né en 1759 à Wolhen en Argovie (Confédération Helvétique) dans une famille de maîtres verriers, où il acquiert une connaissance artistique.. Ensuite, il a séjourné quelques années en Faucigny, où il a travaillé à Cordon (1787), à St Nicolas la Chapelle (1790), à La Frasse, aux Houches. Il a dû rentrer en Suisse après l’incorporation de la Savoie à la France, sans toutefois s’éloigner de la frontière, puisque son tableau Saint Nicolas de Flues de Stans, conservé au musée de Genève, est daté de 1794. Il revient plus tard à Wolhen où, jusqu’à sa mort en 1837, il a décoré plusieurs églises.
L’art baroque
Apparu à Rome aux alentours de l’année jubilaire de 1600, l’art baroque est vite devenu universel. Il essaime dans toute l’Europe : de Rome à la Bavière; de l’Autriche à la Sicile ; de la Suisse au Portugal ; de l’Andalousie à la Russie. Jusque dans le Nouveau Monde, au Mexique et au Brésil, le baroque chantera l’espérance de l’avenir et de la joie de vivre. Il est l’art du Ciel descendu sur la terre.
Le baroque fut un moment privilégié de l’histoire de l’art et de l’Église, comme le fut l’art roman après les siècles des grandes invasions. Le baroque a recouvert une époque unique de l’histoire de l’humanité. Après les épidémies de peste, après l’éveil des nationalismes en Europe, les guerres de religion, et l’effondrement du 16ème siècle, cet art exprime un sursaut, une volonté de vivre des populations. Le génie des formes variées de l’architecture, des mouvements de décoration, du Bernin, de Pierre de Cortone, des Frères Zimmermann et Asam ou de Rastrelli répond à celui des musiciens tels qu’Haendel et Bach.
L’église de Cordon est abondamment décorée de peintures à fresque : deux scènes bibliques dans le chœur, les illustrations des Mystères du Rosaire dans la coupole, dans l’avant chœur, dans les croisillons et les voûtes de la nef.
Les couleurs, que l’âge a atténuées malgré les restaurations, sont variées, riches et chaudes : les gris, beiges, bleus et marron sont très purs.
Une grande inscription en lettres majuscules dorées est peinte sur le devant et le côté du gradin inférieur de l’autel représenté dans la fresque de la nativité, dans la coupole: LEONARD ISLER INVENIT PIN 1787 (Léonard Isler a inventé et peint 1787). Elle nous renseigne sur l’auteur de cette décoration.
Ce Joseph Léonard Isler est né en 1759 à Wolhen en Argovie (Confédération Helvétique) dans une famille de maîtres verriers, où il acquiert une connaissance artistique.. Ensuite, il a séjourné quelques années en Faucigny, où il a travaillé à Cordon (1787), à St Nicolas la Chapelle (1790), à La Frasse, aux Houches. Il a dû rentrer en Suisse après l’incorporation de la Savoie à la France, sans toutefois s’éloigner de la frontière, puisque son tableau Saint Nicolas de Flues de Stans conservé au musée de Genève, est daté de 1794. Il revient plus tard à Wolhen où, jusqu’à sa mort en 1837, il a décoré plusieurs églises.
1) - Les fresques de la coupole et des pendentifs font partie des « mystères Joyeux »
L’utilisation d’un support sphérique a obligé le peintre, pour compenser les déformations résultant de l’incurvation de ce support, à renoncer au tracé de verticales et à leur substituer des obliques. Ces fresques montrent aussi que leur auteur sait varier les éclairages, puisque, d’une scène à l’autre, ils sont différents : demi-pénombre, fin de journée, nocturne, pleine lumière. C’est l’utilisation typique du « clair-obscur » des peintres baroques.
Les panaches bleutés des pendentifs ont été réservés aux évangélistes accompagnés de leurs attributs. Ces fresques d’une grande finesse, sont logées à l’intérieur d’un encadrement de stuc blanc qui dessine une section de calotte sphérique surmontée d’un dais léger, dont les inflexions sont reprises par les gracieuses ondulations d’une fraîche guirlande de roses. A la base de la calotte court un bandeau qui imite une balustrade à laquelle sont accrochés quatre cartouches, un pour chaque image, dans lesquels est écrite en majuscule une phrase de l’évangile.
Au zénith de la demi-sphère, un ostensoir-soleil éblouissant envoie à travers l’azur de nombreux faisceaux de lumière. Au dessus de la vision paradisiaque sont peints les quatre premiers « Mystères » du Rosaire, c’est à dire quatre scènes de la vie de Marie : l’Annonciation, la Visitation, la Nativité et la présentation au temple. Il manque le cinquième mystère Joyeux : les Retrouvailles de la Sainte Famille dans le temple de Jérusalem. Cela s’explique par la quasi-impossibilité d’introduire une cinquième scène dans l’espace de la coupole, et peut-être aussi parce que, dans cet épisode, la joie des parents de Jésus est précédée d’une profonde inquiétude.
Les Mystères : le mot mystère n’a pas le sens qui lui est donné couramment : dans le grec ou le latin, il désigne une réalité cachée sous la lettre d’un récit biblique. Les « Joyeux » s’attachent à l’enfance de Jésus, les « Douloureux » représentent la « Passion », les « Glorieux » sont les évènements postérieurs à la Résurrection.
L’Annonciation : La scène est traitée avec un souci sourcilleux de réalisme, tant dans les représentations des objets que dans les expressions des visages et les dispositions des mains. Elle est agencée avec une extrême attention pour respecter le sens de la profondeur et le rendu des volumes. Le peintre accorde un grand soin aux accords de couleurs, apposées en grandes masses franches et lumineuses qui s’étendent de la chaleur des rouges à la fraîcheur des verts.
La Visitation : Plusieurs détails égayent cette image heureuse de notes au réalisme pittoresque : chapeau noir à larges bords accroché dans le dos de Marie, voile qui entoure sa tête, lourde emprise de la grosse main de Zacharie sur la rampe, sandales et chaussures toutes différentes mais ordinaires. Mais ce sont surtout la franchise et la délicatesse des couleurs qui transposent le récit en poésie. Les tons sont plus variés qu’il ne le semble au premier regard : carmin, saumon, rose, lilas, beige clair, marrons, verts, bleus.
La Nativité : Comme dans beaucoup de “ Nativité ” de l’époque, le peintre a multiplié les allusions symboliques à la Passion. La composition est aussi soigneusement réfléchie qu’originale, la mise en page dans l’espace est sans défaillance. Les jeux de la lumière et des ombres sont distribués avec une grande variété, la palette est large et généreuse.
La présentation de Jésus au temple ou la Circoncision : Les protagonistes de cette histoire, qui devrait être toute simple, tous rassemblés autour d’une table, sont plus nombreux qu’il serait nécessaire. Les imperfections n’attentent pas à la solennité de l’évènement, ni à la fraîcheur des effets de contre-jour, ni à l’expressivité des personnages.
2) Les fresques des voûtes de la nef, des croisillons, de l’avant Chœur (de l’entrée au chœur) : remarquons que les textes explicatifs inscrits sous les fresques sont en français moderne depuis leur origine : langue que les Cordonnants comprenaient et qui était la langue officielle de la Savoie depuis le 16ème siècle.
a) - Le Couronnement de la Vierge (1ère travée de la nef à droite) : Cette peinture est conforme aux canons en vigueur. Les trois figures divines ont des formes sculpturales.
b) - L’Assomption (1ère travée de la nef, à gauche) : La Vierge s’élève dans une nuée lumineuse, entourée d’anges ailés qui la contemplent ; certains joignent les mains. Cette grande figure placée sur la médiane du triangle assure à l’image son équilibre.
c) - La Pentecôte (2ème travée de la nef, à droite) : Le peintre a soigné le cadre architectural de la scène : c’est une abside, dont les 4 colonnes lisses de couleur jade, coiffées de chapiteaux corinthiens dorés, surmontés eux-mêmes d’un entablement à dés et tailloirs saillants, portent une croisée d’ogives ornée d’une clé.
d) - L’Ascension (2ème travée de la nef, à gauche) : Au dessus d’un trapèze de lumière éclatante qui descend du ciel, et au dessus d’un tourbillon d’épais nuages qui enveloppe les apôtres attristés, le Christ s’élève majestueux et souverain. Une fois de plus, l’artiste fait la preuve de son talent de coloriste.
e) - La Résurrection : le peintre a mis en valeur la puissance de l’anatomie de ce corps ressuscité, qui brandit dans sa main droite la palme de la victoire. Le rassemblement des figures en deux demi-cercles autour du rectangle de la pierre tombale montre que Léonard Isler maîtrise les règles de la composition et le rendu des différentes expressions. Il a une grande aptitude à exposer la “ dramaticité ” d’une situation.
f) - Le coup de lance : Un autre titre est inscrit au-dessus de la fresque : “ Jésus meurt sur la croix : La représentation est construite autour d’une croix puissante, mise en valeur par un dessin vigoureux et en contre-jour par rapport à un ciel pommelé de nuages clairs. Ici aussi, le meilleur est dans le dessin et les couleurs des vêtements.
g) - La rencontre de Jésus avec les femmes de Jérusalem (croisillon droit, côté choeur) : La ligne d’horizon, basse, permet de ramener la scène au premier plan, tout en donnant de l’ampleur aux personnages. La représentation est tout à fait conventionnelle, mais ses chaudes teintes s’accordent harmonieusement.
h) - Le couronnement d’épines (croisillon de gauche, côté chœur): Le décor architectural, sobre, est dessiné avec soin et souci de la troisième dimension. Le meilleur de ces figures est dans les costumes et les chevelures
i) - La Flagellation : Léonard Isler a voulu peindre de belles architectures. La représentation de l’évènement est conforme à l’iconographie traditionnelle. La lumière est distribuée avec adresse.
j) - Jésus au jardin des oliviers : Le dessin et les volumes des deux figures principales sont de grande qualité, surtout dans les mouvements antagonistes mais équilibrés du corps du message divin.
A l’arc d’entrée du chœur, deux guirlandes de roses et d’acanthes se déroulent en décrivant une légère courbe au-dessus et au-dessous d’une inscription “ Ceci est la maison de Dieu ” Les murs de l’avant chœur sont décorés de deux fausses fenêtres à la hauteur des entrées du clocher et de la sacristie.
k) - L’institution de l’Eucharistie : La représentation de la Cène est logée dans un cadre architectural classique d’une grande solennité. Une lumière très douce semble émaner de la nappe blanche, caresser les couleurs et adoucir les visages, en insistant sur l’expressivité des attitudes.
l) - Le sacrifice d’Abraham : Sous un grand ciel traversé de nuages s’étend un sol aride : le vide du décor assure une plus grande présence aux personnages, qui sont rendus avec réalisme. Le paysage est suggestif mais encombré.
S’y ajoutent :
- Le pilier qui porte la coupole à droite et du côté de la nef, a conservé la peinture qui entourait et surmontait l’armoire des bannières. Au dessus d’un dais vert en forme de dôme coiffé d’un médaillon ocre, s’écartent les deux pans d’une riche tenture aux franges brodées et tressées, retenues par de gros nœuds à deux jambages et enrichies de cinq glands. Le fond clair est décoré de fines feuilles d’olivier. C’est le même voile qui, au sommet du retable principal, s’entrouvre sur le Ciel et entoure toute l’action que nous dévoile cette église.
- Au revers de la façade, près de la porte de l’entrée à droite, un manteau d’hermine est peint en trompe-l’œil.
- une inscription de guirlandes de fleurs à l’arc d’entrée de l’avant chœur coiffe et souligne les pendentifs de la coupole représentant les quatre évangélistes.
- Des peintures murales ocre et vert pâle rehaussent les fresques.
- Une frise large aux motifs végétaux pourpre qui égaye cet ensemble au demeurant d’une grande sobriété.
- Sur les piliers, les croix de consécration habituelles en forme de croix de St Maurice et Lazare sont placées entre deux branches de laurier fleuri.
- Dans la nef, des arcs doubleaux ornés de rinceaux aux arabesques mordorées, d’inspiration végétale sont posées sur un badigeon clair.
- des guirlandes de fleurs, avec aux clés, des cartouches peuplés d’angelots, parcourent des voûtes d’arêtes transformées, par une abondante décoration peinte, en voûte d’ogives.
3) - LE MOBILIER
Celui-ci a été pensé pour permettre au paroissien de s’approprier le lieu. Tout est fait pour que le regard soit attiré vers le maître autel, voire vers le sommet de celui-ci : une légère pente depuis l’entrée, des colonnes torses qui multiplient les effets d’ascension, l’or scintillant.
a) - Le maître-autel
Un retable d’autel principal n’existe pas pour lui-même : il est destiné à magnifier le rite eucharistique célébré à l’autel ; c’est pour cela aussi qu’il accueille le tabernacle. Il se lit de bas en haut. Ce mouvement est mis en valeur par les colonnes torses. L’on passe ainsi du monde terrestre au monde céleste. Son coût est souvent aussi élevé que l’ensemble du reste de l’église.
1) - Sa fonction : Enseigner : C’est un lieu commun de considérer un retable comme un “ catéchisme en images ”. Le retable veut rappeler aux fidèles les grandes vérités du salut, nourrir leur foi et leur prière, exhorter à la pratique des bonnes œuvres, à partir d’exemples donnés par les saints. (Voir encadré)
L’antependium de l’autel est marqué par le Livre de vie, fermé par les 7 sceaux. L’agneau immolé repose dessus et lui seul peut ouvrir le Livre du sens de la vie car il a donné sa vie et cette action se renouvelle sur l’autel à chaque messe.
Le tabernacle est comme un écrin autour des Saintes Espèces. Les niches vides à Cordon accueillaient comme il se doit les Apôtres St Pierre et St Paul. Le Christ est signalé par la couronne et l’ostensoir soleil. Ce mobilier a mis en avant le culte de l’eucharistie rétabli en force par la contre-réforme du 18ème siècle.
2) - Sa construction : La plupart des retables de Haute-Savoie sont taillés et sculptés dans des pièces de bois. C’était le même artisan qui élaborait et réalisait entièrement son retable “ en une saison ” (12 mois), trois ou quatre compagnons collaboraient. Pour les parties usuelles c’était souvent du bois ordinaire qui était employé tel que le sapin ou plus rarement le pin cembro. Les parties sculptées (statues, tabernacle etc...) nécessitaient des bois plus durs comme l’orme pour Cordon.
3) - son architecture et son ordonnancement :
Malgré la profusion et la confusion apparentes, les retables sont construits suivant un ordre précis, tous sur le même modèle parce qu’ils représentent le passage entre le monde terrestre et le monde céleste.
- Le soubassement de l’autel avec la table de communion met en valeur le tabernacle. Celui-ci, en proportion avec le retable, aux allures de petit temple à colonnettes, sera toujours recouvert à la feuille d’or.
- Le 1er registre :
Peintures et statues de saints (St François de Sales, St Antoine, St Joseph, St Jean Baptiste, Marie) séparées par des colonnes torses. Le grand panneau central est réservé normalement à une peinture qui montre la glorification du St patron de la paroisse : à Cordon, l’Assomption de la Vierge.
- L’entablement tripartite (terme d’architecture qui comprend l’architrave, la frise et la corniche) sépare et réunit le monde surnaturel représenté à l’attique et le monde naturel, au-dessous : celui de l’homme.
- L’attique ou 2ème registre. C’est la Cour céleste, le Père éternel bienveillant invite au Paradis, surmonté d’un dais et triangle équilatéral représentant la trinité.
Cette architecture n’est pas une fin en soi, c’est un cadre destiné à recevoir des images sculptées et peintes : saints, scènes de l’Histoire sainte, évocation du paradis, allégories édifiantes, figurations décoratives. Il est commun de répéter que par leurs décors et la grande place accordée aux “ scènes narratives ”, les retables se rapprochent de l’art du théâtre. L’éclairage à la bougie donnait vie aux statues. Toutes les scènes et tous les décors trouvent leur inspiration et leurs explications dans les Évangiles.
Les saints sont des modèles pour les paroissiens. Ce sont des Humains qui par leurs actions et leur charisme ont accédé auprès de Dieu. L’on invoque plus facilement un saint dont on sait qu’il est du pays ou dont on se sent proche.
St François de Sales : (1567-1622) est né au château de Sales, près de Thorens, il est donc sujet du Duché de Savoie. C’est l’époque où l’Eglise romaine, face au protestantisme, reprend courage et se lance dans le grand mouvement de la contre réforme. Après une crise religieuse personnelle, François décide de devenir prêtre. L’évêque de Genève lui confie l’évangélisation du Chablais. Il se lance avec ardeur dans la prédication. Il parcourt tout le territoire, à cheval, à pied dans la neige. Il fait appel à l’imprimerie pour éditer des textes qu’il placarde dans les endroits publics. Le grand docteur de l’Église a été le théologien de l’amour de Dieu. Il a visité la Chapelle du Château de Cordon le 26 juillet 1606. Il est le patron des journalistes.
St Antoine Abbé dit le Grand : Souvent prié pour obtenir la guérison du « mal des ardents », une inflammation des muscles due à l’ergot du seigle, qui peut provoquer des convulsions. Il est représenté avec un cochon à ses pieds ou une clochette ou un bâton. C’est le protecteur des animaux. Il a créé l’ordre des Antonins. Avant 1969 il était invoqué le 17 janvier et ce jour là on bénissait la nourriture animale.
4) - Son décor : Le retable ne vit que par sa luxuriante décoration festive. Plaques qui imitent des marbres, moulures, niches à coquilles, cartouches, frises, chapiteaux de styles différents, guirlandes, branches d’acanthes, de laurier, d’olivier, boutons, fleurons, têtes d’angelots, pots à feu, volutes, etc...
Quelle que soit sa forme, le retable est conçu comme le foyer de l’espace intérieur de l’église, le lieu géométrique vers lequel convergent les lignes directrices.
Le retable est comme une porte monumentale merveilleuse, à l’antique, ouvrant sur un autre monde qui ne peut être que le paradis. Cette symbolique est la justification de la richesse des matériaux et de la profusion de la décoration : il veut susciter chez celui qui s’en approche l’amour de la maison de Dieu et l’espérance de l’habiter un jour et à jamais. Cette foi ne pouvait être que profonde chez les populations dont la vie de chaque jour était rendue difficile et précaire par l’éclairage insuffisant, l’inconfort des maisons et la rudesse du climat.
b) - Les retables des croisillons :
Ils ne sont ni l’un ni l’autre dans leur couleur d’origine puisque les « restaurateurs » de l’ ARCOA, après avoir effectué des touches de recherche, pensent que celui de gauche serait dans des couleurs rouges (les colonnes torses, l’intérieur des niches, le faux marbre etc…) et celui de droite dans des teintes gris bleu. Les ors et les argents sont encore recouverts de « bronzine ».
A gauche, le retable de Notre Dame des Douleurs :
Lla peinture de l’étage principal montre la Vierge au pied de la croix dont la mise en scène ne manque pas de grandeur. La troisième dimension est rendue avec adresse et les coloris sont d’une grande délicatesse. Il ne paraît pas avoir été fabriqué pour l’endroit puisqu’il dépasse de l’ouverture du vitrail. L’antependium est une peinture sur tissu, peu mise en valeur, mais remarquable.
A droite : le retable est modeste et sa décoration moins riche, ce qui pourrait indiquer une construction plus ancienne. Il s’adapterait facilement à la largeur de la Chapelle Ste Croix qui fut transformée en Cure à la construction de cette église. La peinture centrale représente La Crucifixion. L’originalité et la finesse de cet autel proviennent de la présence des colonnes évidées. Ce travail d’ébénisterie est remarquable. Il laisse apparaître sur le fût de la colonne sculptée, des branches, des feuilles et des grappes de vigne. On peut souligner de chaque côté, les statues de St Grat et de St Félix déjà représentés sur la façade principale.
St Grat : 2ème évêque d’Aoste au VIème siècle, il ramena de Terre Sainte « le chef » de st Jean Baptiste. Il était invoqué pour la protection des moissons et contre les insectes. Des processions ont lieu dans le chapitre de Sallanches le lundi de Pâques. L’une rejoint, ce jour-là, la chapelle du Château de Cordon.
*Atelier de Restauration et de Conservation des Objets d’art.
c) – Les autels de l’entrée du chœur Les angles des transepts ont été coupés afin de permettre une meilleure vision de l’officiant. Les autels placés en obliques ont une architecture très travaillée. Ilsmettent en scène, chacun, deux attitudes possibles face à la question du sens de la vie. : Le désespoir au retable de droite, et l’adoration à gauche :
A gauche : La Vierge tend un rosaire à St Dominique et à Ste Catherine de Sienne
Le Rosaire : dont le nom évoque une couronne de roses, est une prière composée de la récitation de 3 chapelets soit de quinze dizaines de je vous salue Marie ; pendant la récitation de chaque dizaine, le fidèle doit méditer un des quinze évènements les plus significatifs de la vie de la Vierge, qui ont reçu le nom de Mystères. La récitation du rosaire remonte au Moyen Age. Il a été une des grandes dévotions de la réforme catholique. St Dominique en a été un fervent propagandiste, et après lui, les religieux de son ordre.
A droite : St Michel terrasse le dragon. Plus simple que celui qui lui fait face, le dessin est bien enlevé et les accords de couleurs harmonieux.
d) – Divers
Une croix de procession en bois doré est placée dans la première travée du chœur près de la porte de la sacristie.
Une Vierge d’une grande simplicité dans le croisillon de gauche, présente un visage méditatif.
St Pierre dans le croisillon droit, est représenté avec un coq plein de vie à ses pieds : c’est un motif rare dans les représentations du Saint de cette époque. Les deux grosses clés, (ouvrant les portes du ciel et de la terre) sont suspendues à son poignet gauche. C’est une statue très expressive.
Le bénitier, daté de 1679, provient de l’ancienne chapelle du Château, ainsi que deux linteaux de portes (nord) datés de la même année.
le Christ de l’arc triomphal, imposant, en bois polychrome, est suspendu à l’arc triomphant. Le buste du supplicié est étiré dans un ultime spasme, et la tête aux traits apaisés est déjà retombée sur l’épaule droite. La plaie est du côté droit, celui-ci est plus noble que le côté gauche.
Le festival du baroque de Cordon
du Pays du Mont-Blanc
Le festival du baroque de Cordon fêtera sa treizième édition cette année du 2 au 13 juillet 2010. Depuis sa création il a pour ambition de relier Musique, Architecture et Histoire locale dans ce contexte bien spécifique qu’était l’Esprit Baroque où Lumière, Mouvement et Couleurs se sont unis dans l’expression artistique
Il était une fois, en cette fin du XVIIIème siècle, un charmant village du Haut Pays Savoyard qui, voulant braver les rigueurs du climat, entreprit de construire une belle église, accueillante ou il ferait bon pour s'y retrouver le dimanche, sculptant, gravant et peignant dans le bois, la pierre et le plâtre de nombreux témoignages de sa foi et de ses multiples talents artistiques.
Il était une autre fois, en cette fin du XXème siècle, un mélomane averti et amoureux de ce même village et de son église qui décida de ressusciter en ce beau lieu, les voix et les musiques d'antan ; Bernard Rémy alors Président de l’office de tourisme, donnait vie au premier festival de musique Baroque de Cordon en 1998, sur une idée de Lucienne Petit-Jean Deza.
Les plus pessimistes ne pariaient pas cher sur l'avenir, ils se sont trompés. D'autres plus généreux s'unirent pour réaliser ce projet, ils ont réussi. Merci donc à vous tous chers bénévoles, cette œuvre est la vôtre et personne ne peut vous ravir les fruits du succès.
Le Festival est connu et reconnu bien au-delà des frontières régionales, comme une manifestation de grande qualité qui a accueilli de nombreuses formations prestigieuses.
En ses débuts modestes, cette manifestation musicale se concentrait exclusivement sur le village de Cordon. Cet évènement a considérablement évolué ces dernières années pour aboutir, en cette treizième édition, à un véritable Festival de Musique et d’Animations Baroques sur 11 jours, rayonnant sur l’ensemble du Pays du Mont-Blanc. 13 communes participeront à cette initiative associative en 2010.
L’idée originelle était de faire vivre nos édifices baroques (essentiellement des églises de village) par des musiques de mêmes époques.
Aujourd’hui, érigé en association, le festival du baroque du Pays du Mont-Blanc compte plus de cent
membres actifs.
Son siège social est à la Mairie – 3650 Route de Cordon – 74700 CORDON
Son bureau est composé de : Mme TRONCHET Claire – Présidente - Guide du Patrimoine des Pays de Savoie
Tél. : 06 67 02 14 71 - Fax : 04 50 58 52 89 –
Email : claire.tronchet@orange.fr
M. MARTIN Michel - Vice-président - Retraité Mme MARTIN Ghislaine - Trésorière - Comptable Mme BLONDET Roselyne – Secrétaire - Chargée de Communication
AUTRES MEMBRES :
M. Pierre Anthoine – Mme Dominique Ancey – Mme Payraud Elodie – Viviane Guillaud
Représentante du Conseil Municipal : Mme Callens Chantal,
Représentant de l’office de tourisme : M. Jacques Zirnhelt
Directeur artistique bénévole : Gérard Gelly.
Un site va voir le jour prochainement : festivalmontblanc.fr
A bientôt
L’association
« Cordon Patrimoine d’hier pour demain »
L’association a été créée pour « la recherche, la préservation, la mise en valeur et la transmission du patrimoine de Cordon, hors toute spéculation financière ».
Le Président est aujourd"hui Jean-Noël Bottollier qui a succédé en 2004 à Gérard Pugnat. Le Conseil d'Administration est composé de Clovis Petit-Jean Genaz (Vice Président), Monique Deverly (Trésorière), Roselyne Blondet (Secrétaire),
Colette Bottollier-Curtet,
Monique Gérola,
Denise Petit-Jean Boret,
Gérard Pugnat et
Pascal Finjean.
De nombreux chantiers se sont très vite mis en route :
La recherche :
Le répertoire des noms des parcelles de terre
Le relevé des « boshé » sur 147 maisons permanentes
Le relevé des croix et oratoires
Entretiens avec les Anciens
Transcription de légendes de Cordon
La préservation :
Suggestion de la restauration du Monument aux morts
Remise en place de la Borne romaine du Col de l’Avenaz le 20 juin 2004 avec les habitants de la Giettaz.
Conservation d’un film réalisé par Guy Contal en « super 8 » « Les 4 saisons à Cordon », mis sur cd.
Relevé des « avis » conservés par Clovis Bottollier Vevaz
Don par un privé du plan du beffroi du Clocher datant de 1903
Relevé photographique du Patrimoine de l’église
Don de matériel agricole ancien conservé dans une ferme du village
Réaliser à l’identique une copie du drapeau napoléonien de 1812 avec souscription
La mise en valeur :
Exposition photos et de matériel le jour du 15 Août et à la fête du pain depuis 2001
Les pompiers
Les grenadiers et les conscrits
Les 15 Août d’antan (2003)
La maison d’autrefois (2004)
Les Labours d’autrefois
Reconstitution des fermes de Cordon au 1/10 (soit 10 cm pour 1m) par Jean Noël Bottollier et exposition
Lors des journées européennes du Patrimoine : accueil à la ferme avec des « quartiers »
A la « journée du pain » fabrication de jus de pomme en direct
La transmission :
L’association éditera des « parchemins » (petits fascicules cartonnés au format A3) sur
:
Le rattachement de la Savoie à la France
Le souvenir du passage de Napoléon 1er dans les Alpes
Le clocher de l’église de Cordon
Les écoles
La micro toponymie
Le 18ème siècle à Cordon
En 2009 : 4 revues ont été réalisées et une carte postale sur les Grenadiers de Cordon :
Les noms des petits lieux dits
Des bornes aux alpages
La maison de Cordon
100 ans de tourisme
Animation :
Plusieurs soirées ont été organisées :
« chinchournes», « châtaignes », afin de récolter des informations par la tradition orale
Conférence sur la micro toponymie par Hubert Bessat
Conférence de René Siffointe « A travers les monts et les noms de lieux dits de Cordon »
Production de la pièce de théâtre de la Giettaz : la guerre des bornes (2 séances)
Accueil et rencontres avec les associations du Pays du Mont-Blanc
Organisation d’un voyage « sur les traces des soldats savoyards » à Solférino en 2003
Participation à « l’exposition des vieux papiers de Sallanches »
Cordon, le Balcon du Mont Blanc, adossé à la chaine des Aravis dans un cadre exceptionnel et idéal pour des vacances en famille est un village traditionnel au cœur du Pays du Mont-Blanc.
Cordon, petit village haut-savoyard, devenu aujourd’hui une station reconnue et appréciée, s’est ouvert au tourisme progressivement, sans publicité ni promoteur, par la volonté, le courage et la ténacité des habitants.
Cordon qui compte aujourd’hui quelques 1000 habitants et 89 enfants scolarisés à l’école primaire vit toute l’année avec le tourisme. Une offre hôtelière étendue, des restaurants, de nombreux appartements meublés, des chambres d'hôtes et tous les commerces indispensables offrent aux vacanciers d’agréables séjours. Le ski, les randonnées, les balades en raquette, les goûters et les visites à la ferme satisfont, au calme et dans un cadre grandiose, les plus sportifs comme les contemplatifs
Les glaciers recouvraient notre pays 100 000 avant J.C. La vie est apparue d’abord près des lacs. C’étaient des groupes de chasseurs que le besoin poussait toujours plus loin.
Au fur et à mesure que les glaciers reculent, la civilisation colonise. C’est environ 700 ans avant J.C. que la pénétration a lieu jusqu’à la pelouse alpine. Les Celtes, les Romains, les Burgondes, les Mérovingiens vont se succéder jusqu’au « Faucigny - Lucinges »
Depuis que l’homme occupe l’espace montagnard, celui-ci a subi de nombreuses transformations : défrichements, tracés de chemins, cultures, une foule de témoignages qui se traduisent dans le paysage une intense activité agricole.
Les premières traces de vie humaine sur la commune de Cordon se retrouvent dans des noms de lieux celtiques, des bornes romaines au col du Jaillet et de l’Avenaz et au petit Croisse Baulet prouvent une transhumance nord/sud déjà ancienne. Les premières précisions datent du 12è siècle où la chapelle du château de Cordon appartenant à Pierre de Savoie, Sire du Faucigny, sert d’église paroissiale à la communauté de ce village. C’est autour du château et de ses chapelles que la vie s’organise. Dès l’an 1100, l’histoire de Cordon se confond un peu avec celle de Sallanches, tant sur le plan matériel que spirituel. Comme souvent au Moyen Âge, la population vit au rythme du château. La vie locale ne s’est pas développée autour de celui-ci car il était construit entre deux torrents très encaissés, mais en amont sur des pentes plus douces.
C’est en dessous de 1200 m que se situe l’établissement des hommes. Il n’y a pas à proprement parler de village de Cordon. Bien sûr, il y a une église, une place, un monument aux morts mais autour de ces éléments, il n’y a pas d’agglomération, pas de rue. Chaque maison est unique et ne se soude pas aux autres, ni au chef-lieu, ni dans les hameaux. Cette situation peut s’expliquer par la dispersion des terres cultivables. En effet, il ne serait pas concevable, à cause du relief, que l’habitat soit groupé en un seul point de la commune, obligeant ainsi les agriculteurs à parcourir des distances et des dénivellations importantes pour se rendre à leurs champs. De tout temps, on a cherché à construire sa maison sur ses terres, et à rapprocher de la maison les pièces cultivables soit par des ventes, soit par des échanges.
La densité de la population est à peu près la même sur tous les territoires habités.
Ni paroisse, ni ville de franchise, Cordon constituait cependant une communauté d’habitants étagée sur les pentes dominant Sallanches dont les seigneurs successifs du Faucigny tirent leurs revenus.
En 1178, Sallanches avec le Château de Cordon était déjà un lieu de passage important. Ses députés tiennent rang aux états généraux de Savoie.
Les Faucigny avaient l’habitude de résider en dehors du bourg qu’ils détenaient comme à Chatillon sur Cluses.
En 1224, on voit que des droits d’aigage et de moulin, sur le nant de la Croix, appartiennent au « Du Chastel » (Cordon) et aux « Chissé » (St Roch).
D’après les divers actes, on peut constater qu’il y avait plusieurs familles de nobles ayant des possessions au Chastel : les Chissé, de la Frasse, de la Porte, et d’autres encore mais surtout à l’origine les Du Chastel. Mais ce n’est pas un vrai bourg : c’est seulement un lieu enclos d’un château avec une église paroissiale dépendant à l’origine directement du seigneur du Château.
Le Château de Cordon était le centre de la Châtellenie de Sallanches avant le rattachement du Faucigny à la Savoie en 1335. Malgré son importance féodale, il n’est pas devenu un vrai bourg à cause de sa situation isolée.
Les Menthon de Montrottier et de Bourbonges feront de nombreux dons au chapitre de Sallanches. Ils fonderont des chapelles à Notre-Dame du Château. Beaucoup seront enterrés là. Ils achèteront peu à peu tous les terrains autour de l’église. Le Château est appelé « Bourbonges » du nom de ses propriétaires en 1457.
Le peuple lui, très pauvre, vivait de l’élevage et de la terre.
Les Menthon auront cette seigneurie jusqu’en 1746. Ils se dessaisiront de tous leurs biens de Cordon-Bourbonges au profit de Joachim de la Grange de Taninges qui, lui, vendra, en 1769.
En 1348, la peste décima presque la moitié de la population, et il ne resta alors 80 feux. Avant son annexion à la Savoie, la population de Cordon se situe autour de 140 feux.
Si Cordon n’a pas, à l’époque, d’organisation communale, elle a une forte personnalité juridique, défendant ses droits avec vigueur contre les communes voisines.
En 1606, François de Sales, personnage important et populaire en Savoie, rend visite à Cordon. Il constate que les conditions de vie sont des plus précaires. La terre rend peu, les épidémies sont redoutables et les hivers rigoureux.
Vivant en économie fermée de l’élevage et de la terre, les Cordonnants exploitent tous les alpages de la commune, d’où des mouvements de la population selon les saisons été - hiver.
Le Château de Cordon, avec son église est un exemple intéressant de position seigneuriale. Dans son enceinte sont venues se regrouper les familles nobles du pays. En 1700, Combloux et Cordon, sauf Bourbonges, sont démembrés de Sallanches pour constituer un marquisat, créé par Victor-Amédée II, en faveur de Philibert Sallier de la Tour.
En 1750, Cordon a un syndic et 4 conseillers sous la tutelle du Notaire Royal de Sallanches.
Cordon ne devient une véritable entité paroissiale qu’avec la construction de l’église, en 1781 au chef-lieu actuel. C’est une communauté religieuse et civique qui, en 1786, élisait déjà un régent des petites écoles. Elle dépend néanmoins de Sallanches pour le commerce et l’administration.
L’acensement de la dîme de Cordon en 1785, est fait pour le versement de 100 octanes de blé et 26 octanes d’orge et 2 écus d’épingles.
L’affranchissement fut passé pour un capital de 7.100 livres et un revenu de 284 Livres (Histoire de la Collégiale de Sallanches).
A peine construite, l’église subira les ravages de la Révolution : le clocher a été rasé. Le premier curé, Marin-Joseph Pissard, a dû s’expatrier en Piémont mais il est revenu clandestinement très rapidement et une messe a été dite sur la pierre « Madeleine » de Rochefort pour tous les habitants des villages voisins au moment de la « Terreur ».
Puis c’est l’Abbé Ducrey qui est pourchassé et se cache dans une cave de Cordon (aux Combes, chez Colette Bottollier Curtet)
Le rattachement de la Savoie à la France, en 1860, ne change pas grand chose aux habitudes d’alors et Cordon restera tel qu’il est jusqu’à la fin de la 2ème guerre mondiale.
C’est la construction de la route en 1954 qui lui ouvre le tourisme et transforme son économie pour en faire une « station-village » qui a su garder une harmonie entre culture, élevage, hôtellerie, tourisme d’été et d’hiver.